Chronicle 2 : Age of Splendor - Chapitre 8, Martien (3)

D'innombrables aristocrates et de saints ont été enterrés dans le cimetière d'Aden. La pierre tombale que Martien touchait était cachée dans un petite partie de la foret, entourée de grands Cyprès. Quelques années auparavant, lors de sa première visite à cette tombe, il avait eu l'impression que le cimetière était un endroit propre et spacieux. Cependant, il réalisa que cela n'était dû qu'à sa grande taille.

« Les seuls gardiens de tombe dans cet endroit se sont ces créatures bizarres ! »

Martien et ses hommes retinrent leurs souffles lorsqu’ils virent une gigantesque créature, dont le haut du corps était celui d'une femme humaine et le bas celui d'un serpent. Celle ci s'éloignait silencieusement en ondulant. Ils ne bougèrent pas tant que la bête n'avait pas complètement disparu de leur vue. Non rémunérés et insomniaques, les gardiens de cette tombe étaient aussi hostiles à l'égard des misérables pilleurs de tombes qu'à celui des innocents visiteurs. Ils avaient infesté l'endroit lorsque la guerre entre Elmore et Aden avait éclaté. De nombreux soldats avaient été envoyé au front, négligeant le vaste cimetière. Vers la fin de la guerre, certains soutinrent qu'il fallait que la sécurité du cimetière soit maintenue. Cependant, il était trop vaste. Pour parvenir à chasser les monstres du cimetière, il aurait fallu autant d'hommes que pour construire un château. Dès lors, le projet de maintien du cimetière fut ramené en bas de la liste des priorités. Une fois la guerre finie, le projet lui-même s'était perdu.

Une fois toutes traces d'autres créatures disparues, l'attention de Martien revint sur la petite pierre tombale.

« Je me demande quel genre de personnes est enterré ici ? Elles ont sûrement dû être de Haut Rang. Seules de telles personnes peuvent être enterrées dans ce cimetière. »

Mais cela n'aurait pas pu être un membre de la famille royale. Une section séparée était prévue uniquement pour celle ci et elle était encore intégralement préservée. Donc cela ne pouvait être que des personnes qui avaient dû suffisamment se distinguer pour avoir leurs noms mentionnés dans les annales de l'histoire. Mais Martien ne savait rien de tout cela. Ceux qui vivaient l'Age d’Or n'éprouvaient aucun intérêt pour ce genre de chose.

Martien était étonnamment soulagé à l'idée que, avec le temps la vie d'une personne, à la longue, s’efface. Il continuait de caresser la pierre tombale tout en se demandant pourquoi il éprouvait de tels sentiments.

« Es-tu triste ? Tu as dû être un grand homme, prêt à te sacrifier. Mais à présent, plus personne ne se souvient de toi. »

Soudain, la pierre tombale ouvrit les yeux et la bouche.

« Quelles paroles insensées !! Espèce d’idiot, je suis mort. Pourquoi voudrais-tu que je m'inquiète de questions aussi triviales ? »

« Mais ceux qui t'ont enterrés ici ont dû ériger cette tombe dans le but de se souvenir de toi, non ? »

« Peux-tu seulement imaginer combien de temps s'est écoulé depuis que les Dieux ont créé ce monde ? La vie d'une personne se consume en l'espace d'un clin d’oeil. Même si mon nom avait été inscrit dans les livres, combien de temps crois-tu que ma mémoire vivrait ? »

« Tu as du être un Grand homme. C'est pour ça que tu reposes ici. »

« Je l'étais peut-être. Ou pas. La Grandeur n’est pas éternelle. »

« N'as tu pas essayé d'avoir une vie honorable, afin de pouvoir être enterré dans un grand cimetière comme celui-ci ? Bien qu’il soit tombé en ruine depuis ? »

« Qui pourrait donc avoir des pensées aussi navrantes de son vivant ? »

« Seuls ceux qui consacrent leur vies à l'accomplissement de quelque chose. »

« Tu mélanges conséquences et buts. »

« Tu veux dire nous avons tous un but dans la vie ?»

« C'est une façon banale de voir les choses. »

« Je pourrais mourir aujourd'hui ou demain. Que crois-tu que je devrais faire ? »

« Aha ! Finalement tu en viens au fait »

« Réponds-moi ! »

« Tu y penses depuis le début non ? Tu devrais déjà le savoir. Je ne suis que le reflet de ton esprit. Allons, nous devons nous quitter, tes hommes t'appellent. »

« Frère ! Ne devrions-nous pas continuer ? »

Martien et ses hommes se déplacèrent furtivement à travers le cimetière, profitant du clair de lune pour s’orienter. Ils chargèrent les biens volés qu'ils avaient récoltés du cimetière dans leur chariot et partirent. Une assez éloigné du cimetière, une des trois chariots se dirigea au sud. Un autre se dirigea au nord, et la dernière, avec Martien à son bord, prit la direction des portes d'Aden. Quand ils arriveront en ville, Martien et ses hommes recevront leur récompense de la part de son employeur. Si tout allait comme prévu, il diviserait sa part de la récompense et paierait ses hommes pour leurs besoins en vêtements et nourriture.

« Impossible … !!! »

La chariot s'arrêta brusquement. Dedans, Martien se mit à rire très bruyamment. Très vite, le cliquetis des armes et des armures se mélangea au bruit de voix en colère.

« Stop ! » Cria-t-il de tous ses poumons à l'intérieur du chariot. La bagarre s'arrêta subitement.

Martien était envahi de sentiments de satisfaction et d'excitation. Il se concentra pour écouter ce qui se passait dehors. Personne ne s’intéressait au chariot. Le plafond de la voiture fut tiré et l'un des hommes regarda à l'intérieur. Dans la pénombre du chariot, quelqu'un était assis sur la Sainte Arche.

Martien hurla après quelqu'un hors du chariot, « Je suis Martien, propriétaire du magasin Mer du Sud ! Parlons ! »

Aucune réponse. Le cœur de Martien battait la chamade. Ses tempes frissonnèrent. Dans un silence pesant, quelqu'un se mit à ricaner.

« Cela commence à devenir intéressant. Je suis Staris, de l'Association des Personnes Préoccupées par la Forêt »

Martien se leva de l'Arche Sainte. Il alla à l'arrière du chariot et souleva la bâche pour regarder aux alentours. Lorsque ses subordonnés le virent, ils se sentirent soulagés. Il demanda si tout le monde allait bien et ils hochèrent tous lentement la tête. Le regard félin d’une Elfe Noire se fixèrent sur lui, l’ai impitoyable. Un jeune Elfe Noir se tenait à côté d'elle.

« Staris ? »

L'Elfe Noir acquiesça, un léger sourire sur le visage. Martien lui fit signe de s'approcher.

« Pourquoi ne venez-vous pas à l'intérieur ? »

L'Elfe Noir s'introduisit avec légèreté dans le chariot. Les hommes de Martien restèrent dehors, indécis quant au déroulement de la situation.

« Frère… » Sans voix, ils regardaient Martien avec des yeux désespérés.

« Du calme, du calme les gars ! »

Un instant plus tard, Martien et Staris se faisaient face. Martien s'assit sur l’Arche Sainte, tandis que Staris restait debout devant lui. Son regard se posa sur le trésor de l'Ancien Empire, sur lequel était assis Martien. Martien alluma une lampe pendue dans le chariot et observa l'Elfe Noir.

« Ton visage… Il me dit quelque chose !? »

« J'ai travaillé pour le magasin Mer du Sud il y a quelques temps. Ta paie était minable, misérable même. »

« A quoi tu t’attendais ? Quand les affaires sont maigres, les paies le sont aussi. Je ne pouvais rien y faire. Enfin bref, pourquoi as-tu choisi ce chariot ? Tu n'as tout de même pas décidé cela aux dés, n'est-ce pas ? »

« Si je te dis que j'ai aussi envoyé des hommes sur les autres voitures, tu te sentiras mieux ? »

« Je peux toujours vérifier. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas le cas. Pourquoi ne me le dis-tu pas honnêtement ? »

Martien avait conçu un plan quand il avait été désigné pour déplacer l’Arche Sainte arche du cimetière pour un autre endroit. Il avait prévu de préparer un faux chariot comme appât, au cas ou un problème comme celui-ci se déroulerait. Il discuta de son plan avec son employeur, mais ne le révéla à personne d'autre. Bien que les détails du plan aient changés à plusieurs reprises, une chose n’avait pas changé : l'Arche serait placée dans le troisième chariot.

« On m’aurait menti ? » L'Elfe Noir demanda incrédule. « Donc cette Arche Sainte est fausse ? »

Martien était submergé par un goût de victoire, ce qu'il n'avait plus ressenti depuis bien longtemps. Se frottant les mains, il essaya de se calmer suffisamment pour parler. Il savait que sont prochain mouvement serait crucial.

« Qui t'as envoyé ? »

« Une personne de Haut Rang à Giran. Dois-je en dire plus ? »

La réponse était inattendue. L'Elfe Noir pouvait très bien lui mentir. Il aurait pu sortir n'importe quel nom. Tandis que Martien considérait toutes les possibilités, l'Elfe noir parla.

« Il y a quelques temps, un messager d'une société est venu voir le Hierarch Asterios. Tu n'as pas besoin de connaître les raisons. Mais cette société était une sorte d'association au sein de laquelle des personnes distinguées se rassemblaient pour promouvoir un peu plus que de la simple amitié. »

Martien sourit amèrement tandis qu'il se levait et donnait un coup de pied à l’Arche Sainte et jura. L'Elfe Noir resta simplement là les bras croisés durant cet accès de colère.

« Si l'arche est bien un faux, pourquoi devrais-je m'en faire qu'elle soit réduite en morceaux ? »

« Puis-je te dire un secret ? »

Martien respira lourdement et regarda autour de lui. Un vieux marteau retint son attention. Lorsque l'Elfe Noir vit Martien porter le marteau à son épaule, il inclina la tête avec un regard perplexe. Martien lui fit une grimace et balança le marteau sur l'Arche de toutes ses forces. Malgré le bruit fracassant, l'Arche n'eut même pas une égratignure. Mais le sol en dessous, lui, l’était. Martien continuait de sourire de toutes ses dents face à l'Elfe Noir.

« Oh, c'est donc la vraie, très bien… »

Un peu plus tard, Martien et Staris sortirent du chariot. Leurs hommes les regardèrent tous deux d'un air interrogateur. Martien appela ses subordonnés pour s'assurer qu'ils n'étaient pas salement blessés.

Bien que certains avaient des bras ou des jambes cassés, et avaient même reçu des flèches, aucun n'était mortellement blessé. Après avoir murmuré quelques mots à l'Elf Noir, Martien partit avec ses hommes. Il émit quelques phrases forcées telles que « Aaaaargh… Ils sont trop forts ! » « Nous ne sommes pas de taille contre eux ! » et « Partons d'ici ! »

Staris partit avec quelques-uns de ses hommes vers la périphérie du cimetière. Dans une petite forêt située dans la section nord-ouest de l'Entrée Interdite, il trouva une pierre tombale, désertée depuis longtemps. Du bout de sa botte, il écarta la terre devant la pierre.

L'"Association" obtint la clé de l’Arche Sainte.

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