Chronicle 2 : Age of Splendor - Chapitre 5, Scryde

« Ça fait trente ans que je fais ça. Ce sera fait en un rien de temps. Une fois que vous avez préparé le client, vous le piquez plusieurs fois avec une aiguille, et puis c'est bon. De toutes façons, le vrai problème c'est que… »

Le tatoueur s'assit sur un tabouret, sortit une pipe de sa poche et la porta à la bouche.

D'un geste tranquille, il entassa des feuilles de tabac dans sa pipe et l'alluma à l'aide de cendres. Tirant sur sa pipe, une fumée bleuâtre s'échappa de ses narines. Dans la pièce sombre, la fumée s'éleva lentement vers le plafond, dansant et dessinant de petits serpentins.

« Vous avez l'épaule droite et la clavicule disloquées. Deux ou trois côtes ont l'air d'être cassées aussi. Ah, et votre bassin est aussi fêlé. Même quand ils seront complètement guéris, vous sentirez des douleurs par temps humide. »

La mèche de la lampe crépita. Dehors, un bruit sourd et puissant émana du ciel. Rapidement, un léger crachin se mit à pleuvoir dans la nuit. A l'intérieur, la pièce sombra dans un silence absolu. Scryde laissa échapper sa réponse après un petit moment.

« Vous parlez comme un médecin. »

Tout en continuant de mâchouiller sa pipe, le tatoueur mélangea des teintures magiques dans une fiole. Une fois que les liquides doré et argenté furent mélangés, la mixture devint transparente. Il laissa tomber une teinture rouge sang dans le liquide, ce dernier se mit à briller d'un vif éclat. Le liquide devint violet, indigo et finalement, noir. Le tatoueur pris la fiole des mains, la tint comme s'il s'agissait d'une des meilleurs bouteilles de liqueurs, puis la secoua vivement. Le liquide devint à nouveau transparent.

« Les capacités du corps humain sont limitées. Il faut sacrifier une aptitude pour en obtenir une autre. L'essence d'un Symbole est l'équilibre – sans détruire votre corps. Vous devez augmenter une aptitude tout en minimisant les effets secondaires qui sont toujours générés par un tel processus. C'est la technique de création de Symbole, qui est la partie la plus importante du travail. Seuls les novices essaient de créer un force plus grande ou une vitesse plus rapide, sans prendre en considération tout le reste. Ces gens-là finissent généralement empreint d'un Symbole de Mort. »

Le tatoueur s'arrêta un instant et inhala sa fumée profondément. Soufflant par les narines et la bouche, il se remit à parler.

« Ce que vous devez savoir, c'est que de nos jours, nous sommes à peu près deux à trois niveaux au-dessus de la plupart des médecins. Parce que nous avons une compréhension très précise du fonctionnement du corps humains et des principes qui le sous-tendent. »

Scryde se leva de la table de la table d’examen. Comme la table était régulièrement utilisée pour faire des Symboles, elle était complètement usée, avait des taches de toutes les couleurs et sentait mauvais.

« Je comprends bien que vous êtes une personne compétente. »

Scryde fit un effort pour boutonner sa chemise de sa seule main droite, puis abandonna.

« Mais où voulez vous en venir ? »

« Vous êtes dans un sale état. Bien que vous soyez un Orc ressemblant à un Elfe Noir, je ne peux garantir votre guérison que si vous acceptez de vous reposer au moins deux semaines. »

Scryde eut une attitude étrange inqualifiable en langage Elfe Noir ou humain. Était-ce parce qu'il avait vécu en territoire humain, tué des humains, tout en servant un Seigneur humain ? Scryde hocha la tête et sourit. Il allait dire quelque chose quand il entendit le bruit d'un Strider grognant non loin de là. Dehors, quelqu'un mettait pied à terre et se dirigeait vers eux. Essen regarda le tatoueur comme pour vérifier sa réaction.

« Je n'ai aucun client de prévu à cette heure-ci »

Le mystérieux visiteur retira la capuche trempée de son imperméable et regarda de haut en bas le bâtiment dans lequel se trouvaient Scryde, Essen et le Tatoueur. Il avait l'air de ce demander si c'était bien l'endroit où il devait se rendre. Il se dirigea vers le bâtiment.

Esenn remarquant que le visiteur était un humain, il en conclut qu'il n'était pas venu pour les attaquer. Il lança à nouveau un regard au tatoueur qui hochait la tête avec irritation, sa pipe toujours en bouche. Essen ouvrit la porte au visiteur avant même qu'il ait frappé, le prenant par surprise. Il leva la main d'un air embarrassé et s'avança comme s'il avait été un vagabond rentrant chez lui. Bien que ses traits parurent tirés, un air de férocité exhalait de sa démarche. Sa peau était relativement pâle, mais il était difficile de deviner son âge à cause d'une multitude de rides et de cicatrices lui parcourant le visage. Se tenant derrière lui, Essen le sentit extrêmement sur ses gardes.

« Avez-vous fermé la porte ? » marmonna le tatoueur.

Le visiteur fit semblant de ne pas comprendre et tourna la tête vers la porte par laquelle il venait juste d'entrer. Lorsque Essen poussa la porte du bout du pied, elle se ferma à grand bruit. Quand leurs yeux se croisèrent, le visiteur eût un rictus et haussa les épaules. Essen regarda son arc puis frissonna dans un coin de la pièce.

Le visiteur parla à l'employeur d'Essen.

« Êtes-vous Scryde, le Chevalier de Pavel ? »

Le maître de maison eût l'air offensé d'être si ouvertement ignoré. Scryde montra aussi son mécontentement en réalisant que tout le monde semblait déjà le connaître.

« Qui êtes-vous ? »

« Oh super ! Je n'étais pas sûr. Vous venez de loin hein ? Vous êtes très différent d'un autre Elfe Noir que je connais, qui est un cas totalement désespéré. »

« Encore une fois, qui êtes-vous ? »

L'air de la pièce sembla devenir de glace. Essen était partagé entre l'envie de prendre son arc ou celle de dégainer sa dague de sa ceinture. En même temps, il suspectait le visiteur de cacher quelque chose dans son imperméable. Cependant, rien ne se passa.

« Très bien messire. Votre serviteur s'appelle Gustin. Mon maître est une personne très noble, mais je dois juste faire quelques courses insignifiantes. Mon maître a dit qu'il était très reconnaissant du soutien loyal et de la coopération que votre Seigneur lui a apportés et m'envoie vous offrir un peu d'aide. Hé hé hé ! »

Il était clair que son discours était empli de sarcasme. Scryde parla sans ciller.

« Je n'ai besoin de l'aide d'aucun serviteur, ou quoique vous soyez. Je ne sais pas qui est votre maître, mais dites ce que vous avez à dire puis allez-vous en. »

Gustin serra les dents. Essen ressentit un peu de sympathie pour lui. Si un Orc avait reçu une telle rebuffade, une bagarre s'en serait suivie et n'aurait eu de cesse que lorsqu'un seul serait resté debout. Seul un humain pouvait supporter une telle insulte jusqu'à ce point.

« J'ai entendu dire que la femme que vous pourchassez s'est rendue au Manoir de l'Eau. »

« Pourquoi devrais-je vous croire ? »

« Il n'y a aucune raison de ne pas me croire. »

Scryde scruta l'humain pendant un moment. Certains disent que les yeux sont le miroir de l'âme, mais les pupilles de Scryde ressemblaient à des puits sans fond.

« Votre maître est-il le Témoin des Prophéties ? »

« Ça par exemple ! » Faisant claquer sa langue, Gustin tourna son regard sur le Tatoueur. « Tu m'as découvert. Ceci dit, tu n'aurais pas dû le dire tout haut. Grâce à toi, plus personne ne se fera tatouer de Symbole à Giran pendant un moment. Mon maître m'a ordonné d'exécuter les gens comme toi qui répandent ces coutumes païennes. »

La lame d'une épée à la lueur bleuâtre apparue soudainement de l'imperméable du visiteur. Un torrent inattendu de jurons sortit de la bouche du tatoueur alors qu'il ramassait l'aiguille à Symbole la plus large qui lui soit accessible au sol.

« Vous … le bâtard de l’Evêque ! Veux-tu que je te taille un Symbole au cœur ? »

Gustin sourit calmement et manifesta un rictus plein de dents.

« Les deux bras coupés, je me demande comment tu t'y prendrais. »

Sans savoir trop pourquoi, Essen sentit qu'il devait aider le tatoueur. En même temps, il n'était qu'une seconde main et ne pouvait dire ce qu'il y avait dans la tête de son employeur. Scryde usa de son bras valide pour soulever le tabouret à trois pieds et le lancer à la tête de Gustin dans un grand fracas.

« Que faites-vous !" Hurla Gustin de rage. "Ceci ne vous concerne pas ! »

« Je n'aime pas ton maître. »

Regardant le front plissé de Scryde et l'air inquiet du tatoueur, Essen sut que son patient avait l'épaule droite à nouveau disloquée.

« Je n'aime pas la manière dont vous vous comportez tous les deux. » Dit-il d'une voix dénuée d'émotion.

Du sang jailli du front de Gustin, parcourant les coins froissés de ses yeux, dépassant les pommettes et atteignant la bouche. Un bruit tremblotant s'échappa de la gorge de Gustin mais il était difficile de dire s'il s'agissait d'un reniflement ou d'un ricanement.

« Les Elfes Noirs sont tous pareils. Vous ne pouvez pas vous en empêcher. Même quand vous êtes sur le point de mourir, il faut que montriez votre tempérament ! »

Gustin marmonna sinistrement. Il se parlait en réalité à lui-même plutôt qu’aux personnes présente dans la pièce

« Mais que dirait ton maître ? Les humains sont des créatures bien plus compliquées et fourbes. »

« Je suppose que tu n'aimes pas ton maître, » Scryde se moquait de lui en riant. « Je suis sincèrement désolé pour toi. »

Étreint par un sentiment de défaite, Gustin partit, sans avoir pu prendre la vie du tatoueur. Plus tard, Scryde reçut un autre traitement douloureux qui dura plusieurs heures. Ensuite, il demanda à Essen de partir pour Innadril. Gustin allait probablement vouloir satisfaire son désir de vengeance. Essen pensa que si le sombre humain avait été témoin du traitement subit par Scryde, même lui n'en aurait ressenti aucune joie.

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